Comprendre un cheval anxieux : ce que chaque cavalier·ère devrait savoir

Introduction

Je suis profondément fière du parcours que Jupiter et moi avons parcouru. Je suis fière d’avoir pu aider ainsi mon cheval. Cependant, notre histoire n’a rien d’un conte de fées sur lequel tout futur propriétaire devrait fantasmer. L’achat de Jupiter ne fut pas un choix de raison, mais bien une décision purement émotionnelle basée sur mes carences affectives et mon syndrome de sauveuse encore trop peu réparé.

Jupiter est le cheval de ma vie, mais 5 ans de thérapie plus tard, je ne rachèterai pas ce profil, soyons franche !

Connaitre l’histoire de son cheval

Et si je ne connais pas le passé de mon cheval ?

Ce n’est évidemment pas donné à tout le monde de connaître l’histoire de son cheval. Certain.e.s auront la chance de connaître leur cheval depuis poulain, d’autres auront comme moi quelques bribes de vécus léguées par les anciens propriétaires, et d’autres encore n’auront absolument aucune idée du passé de leur nouveau compagnon.

Chaque information que vous parvenez à récolter sur l’histoire de vie de votre cheval est une aubaine pour mieux comprendre qui il est aujourd’hui, et ce dont il semble avoir besoin. La connaissance de son anamnèse va faciliter les prises en charge possible à mettre en place autour de lui.

Et si vous n’avez pas la moindre idée de ce qu’a vécu votre cheval par le passé, pas de panique, vous avez en votre possession les seules informations réellement importantes: ce qu’il exprime aujourd’hui.

La psy que je suis vous le confirme, ne pas connaître l’histoire d’un individu n’empêche EN RIEN sa prise en charge, promis !

Les bribes d’histoire de vie de Jupiter

Jupiter arrive d’Espagne à 5 ans et demi. Après une vie en tant que “souffleur” et travaillé pour être revendu en France, il arrive par camion en Gironde. Des chevaux avec qui il voyage meurent durant le trajet. Quelques semaines plus tard, il repart déjà pour la Normandie, vers sa nouvelle propriétaire. Il est castré sur place peu de temps après son arrivé. Il continu de vivre en isolement social avec des sorties hebdomadaires au paddock.

Lorsque je l’achète, 5 mois après son arrivé en Normandie, il est maigre, marqué au caveçon (Espagne), ne tourne pas en longe, ne sort pas en extérieur seul, ne supporte pas l’immobilité ni le contact physique (toucher ses oreilles est resté longtemps impossible), est intrusif, bondis (trop) souvent au travail et jette ses postérieurs au curage.

Quand il arrive dans mes écuries avec 2h de retard, il descend trempé et fébrile (en plein mois de janvier). Je comprends qu’il ne sait également pas embarquer/voyager...

Bonus : on m’a vendu un PRE qui s’avère en fait être un ONC (probablement PRE x Lusitanien) lorsque l’on me donne ses papiers officiels. Je ne vous dis pas la douche froide.

Il est essentiel que vous ayez le contexte pour comprendre la suite du travail que nous avons fait, Jupiter et moi, pour nous remettre mutuellement de nos traumatismes et de nos difficultés émotionnelles respectives.

Identifier les besoins spécifiques de son cheval

Au gré des semaines, j’apprends à connaître mon cheval et ses besoins psycho-affectifs fondamentaux.

Je découvre qu’il a des besoins d’interactions élevés. Jupiter est un cheval qui a besoin de faire des choses (il est issu de race de travail 🏋️). Il a besoin d’être stimulé mentalement, d'avoir des contacts réguliers avec l’Homme autant qu’avec les siens. Et il a énormément besoin de régularité et de ré-assurance.

Les rituels que je mets en place sont essentiels dans les repères que je lui donne. Je fais (quasi) systématiquement la même chose, dans le même ordre, lorsque je m’occupe de lui. Ces rituels permettent d’apporter de la ré-assurance par le fait de savoir à l'avance le déroulé de l’interaction.

Les rituels ne sont pas essentiels qu’aux enfants. Ils le sont aussi pour nous, adultes, mais également pour nos animaux. C’est en ritualisant un maximum que l’on (re)sécurise et que l’on peut ensuite introduire de l’imprévu dans le quotidien, et plus particulièrement de la tolérance à l'imprévu.

En résumé : questionnez-vous sur les besoins de VOTRE cheval pour tenter d’agencer au mieux son mode de vie.

Parler cheval : se former pour lire les signaux

A mes yeux, apprendre à parler cheval est LE game changer ☝️. Ce n’est qu’à partir du moment où l’on sait lire (à minima du moins) son cheval que l’on peut se questionner objectivement sur lui et tenter de l’aider au mieux.

Je suis passée par de nombreuses lectures (je dois vous faire un article avec mes recommendations), de la formation et des stages. Le livre qui m’a néanmoins particulièrement aidé est celui du Dr Rachaël Draaisma “Langage corporel et signaux d’apaisement chez les chevaux”.

Les éthologues n’ont pas encore assez d’études scientifiques pour valider les signaux d’apaisement chez le cheval comme cela l’est chez le chien. Mais pour ma part, les apports de ce livre sont immenses et j’ai fait le choix de travailler avec, car il m’a énormément aidé à parler avec Jupiter.

Se former à l’éthologie permet de sortir des pensées arriérées du type “mon cheval me domine”, “mon cheval me manque de respect”, “mon cheval se moque de moi”, etc.

Savoir lire son cheval, c’est lui donner la parole sans être perpétuellement biaisé par l’interprétation de nos schémas de pensées personnels. C’est également entrer dans le monde de ses émotions et pouvoir proposer des réponses adaptées à l’expression de ces émotions justement.

En résumé : vous ne pouvez prétendre vouloir aider votre cheval anxieux si vous ne commencez pas par la base ➡️ le comprendre quand il vous parle.

Conclusion

Recueillez les informations que vous pouvez du passé de votre cheval, mais surtout observez et notez l’état émotionnel prépondérant de votre cheval. Et pour ce faire, pas de secret : formez-vous un maximum !

On se retrouve dans l’article 2 “Aider un cheval anxieux grâce à son environnement et au respect de ses besoins”.