Grossesse et équitation : peut-on monter à cheval enceinte ?

Peut-on monter à cheval enceinte ou est-ce interdit ? C’est la première recherche google que j’ai faite dans l’heure qui a suivi la découverte du fameux “+” sur mon test de grossesse 😅 ! Voici ce que j'ai trouvé.

Solenn Habre

10/1/202511 min read

Peut-on monter à cheval enceinte ou est-ce interdit ?

C’est la 1ère recherche google que j’ai faite dans l’heure qui a suivi la découverte du “+” sur mon test de grossesse 😅.

Eh oui, car les mordus d’équitation me comprendront, avoir un cheval ce n’est pas comme pratiquer du vélo les dimanches matin en forêt. Non. C’est penser et organiser l’entièreté de sa vie en fonction de lui pour ensuite pouvoir penser et organiser la sienne. C’est être accro aux sensations fortes que l’on vit aux côtés de son cheval, tant dans la plénitude ressentie par sa présence que par l’adrénaline de certaines activités (les galops en extérieurs, le saut d’obstacle, la monte en cordelette, etc.).

Avoir un cheval c’est penser “lui” avant “je”, car “lui” fait du bien à “je”. Or, l’annonce d’une grossesse vient bouleverser cet ordre appris. A partir d’aujourd’hui, il va de plus en plus falloir penser à “je”, car “je” détiens en son ventre un nouveau petit “lui” (vous me suivez ?).

Peut-on monter à cheval enceinte ?

Les réactions de l’entourage et du corps médical

Quand j’ai dit autour de moi que je voulais continuer de monter à cheval la réaction a été majoritairement… la panique. En gros, comment osais-je envisager de mettre la vie de mon bébé en danger pour mon plaisir égoïste ?

Le “+” sur ce test de grossesse, ce n’est pas juste l’annonce d’un petit fœtus en cours de préparation. C’est également l’annonce d’une bascule de la considération de la femme par la famille, le corps médical, la société. Vous devenez une enveloppe charnelle infantile qui détient la vie et qui doit par tous les moyens mener ce fœtus au stade de bébé qui naît. Je dis bien par tous les moyens, car cela même au détriment des besoins, des envies ou de la santé mentale de la femme enceinte que vous êtes.

On ne nous dit pas tout cela avant de tomber enceinte 😂

Pourquoi la femme, lorsqu’elle tombe enceinte, est-elle instantanément infantilisée ? Pour de nombreuses raisons sociétales et historiques que je vous encourage à farfouiller si le sujet vous plaît. Mais je pense aussi, car les autres (corps médical inclus) reportent sur la future mère leurs angoisses, leur état d’impuissance et donc leurs besoins de contrôle.

Lors de mon écho de datation (5SA) j’annonce à la sage-femme que j’ai un cheval et que je monte à cheval. Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’elle me coupe et me répète “ah non ! Je déteste les cavalières. Je déteste les cavalières (2x oui oui) ! Si vous tombez vous vous en voudrez toute votre vie d’avoir tué votre bébé. Et votre mari vous en voudra aussi (mari présent à ce moment-là et déjà mort inquiet de base).”

On a le combo parfait : sentiment d’angoisse chez la soignante + impuissance à pouvoir dans les faits me contrôler = culpabilisation maximale “vous allez tuer votre enfant”. Ce procédé n’a qu’un but : non pas protéger le bébé à venir, mais la rassurer elle.

Les risques principaux évoqués

Quelle est la conséquence de ces comportements émotionnels ? Les cavalières, lorsqu’elles tombent enceintes et qu’elles souhaitent continuer de monter à cheval, ne le disent pas aux professionnels de santé qui les accompagnent…

A mes yeux le résultat est pire car cela n'évite pas le risque redouté de tous : la chute et le décrochage de l'embruyon dans le 1er trimestre de la grossesse (fausse couche) puis de séquelles neuro-développemental plus tard.

À lire sur le sujet de la fausse-couche, de l’infantilisation de la femme enceinte et du tabou des fameux 3 premiers mois :

livre fausse couche vraies questionslivre fausse couche vraies questions
livre 3 mois sous silence le tabou de la condition des femmes enceintes en début de grossesselivre 3 mois sous silence le tabou de la condition des femmes enceintes en début de grossesse

"Fausse couche, vraies questions" de Mathilde Lemiesle

"Trois mois sous silence. Le tabou de la condition des femmes en début de grossesse" de Judith Aquien

Grossesse et équitation : que disent les médecins ?

Quand on cherche le peu d’articles sur le sujet sur internet, on découvre quelques interviews de médecins du sport ou de gynécologues qui rassurent sur le fait que la pratique de l’équitation peut se poursuivre jusqu’au 2ème trimestre si la femme enceinte n’est pas débutante.

Le vidal lui-même propose cet encadré :

Recommandations officielles du Vidal

La pratique avec les équidés repose sur le partenariat avec un être vivant qui interagit, réagit et donc induit des risques identifiés nécessitant des points de vigilance particuliers de la part de l’encadrement professionnel (vu dans la partie sur l’encadrement professionnel).

Le risque principal est la chute qui peut être évitée par le choix de montures habituées au public sport-santé. La vigilance doit être également maintenue lors des activités à pied, le cheval restant un être vivant qui réagit dans l’instant présent. La nécessité, pour le cavalier, d'adaptation permanente de sa locomotion et de son placement par rapport au cheval, peut être assimilée à un exercice bénéfique, au plan moteur et cognitif.

L’équitation est le 1er sport féminin. Bien que non recommandée aux femmes enceintes néophytes et inexpérimentées, la pratique équestre encadrée (sur ou autour du cheval) permet de limiter les frustrations occasionnées par la diminution de la pratique au cours de la grossesse, de bénéficier des bienfaits des activités avec le cheval notamment autour du portage et de la relation. Ainsi, “en cas d'interdiction, elle risque de le faire sans en informer le professionnel de santé. En fonction du degré de confiance en elle (voir plus haut), il est possible de l'autoriser à pratiquer au cours du 1er trimestre sur une monture calme, avec port d'une bombe et d'un gilet de protection et en évitant, dans la mesure du possible, le trot assis, le saut d'obstacles, le cross et la monte à cru. Au cours du 2° trimestre, la pratique pourrait sous réserve être envisagée en manège, toujours en présence d'un partenaire, à condition d'avoir une bonne assiette et en évitant sauts et trot. Pour monter et descendre, le cheval devra être tenu par un assistant. Elle ne sera pas autorisée au 3e trimestre, même si certaines cavalières montent jusqu'au terme. Aucune étude n'a été menée à la recherche des effets de l'équitation pendant la grossesse. Patrick Laure, Nathalie Facina « Activité physique et sportive en périnatalité ». Editions Elsevier Masson (23 août 2022).

En bref, je n’ai pas vraiment trouvé de réponse auprès du corps médical, ni autour de mes paires ou de mon entourage. Alors je me suis faite ce qu’il y a de mieux : la mienne. Je vous souhaite de trouver votre réponse adaptée à votre situation.

Un peu de contexte avant de vous partager comment j’ai adapté grossesse et équitation. Ma grossesse n’est pas pathologique mais très difficile. Je suis malade quotidiennement depuis 5SA (l’endométriose digestive semble en être la cause).

Lien vers l'article ici.

En bref, je n’ai pas vraiment trouvé de réponse auprès du corps médical, ni autour de mes paires ou de mon entourage. Alors je me suis fait ce qu’il y a de mieux : la mienne. Je vous souhaite de trouver votre réponse adaptée à votre situation.

Mon expérience personnelle de cavalière enceinte

Un peu de contexte avant de vous partager comment j’ai adapté grossesse et équitation. Ma grossesse n’est pas pathologique mais très difficile, car je suis malade quotidiennement depuis 5SA (nausées, migraines digestives, crises d'endométriose digestive... Les douleurs physiques de la grossesse sont du gâteau à côté 😅) .

1er trimestre enceinte

Je suis malade avec des nausées/vomissements de niveau 3, le moral se prend une énorme claque et je fais une dépression pré-partum. Clairement, seul le fait d’aller voir mon cheval me fait tenir ces loooongues semaines.

Après quelques semaines à ruminer mon déchirement entre envie, mais privation de monter à cause de la culpabilité imposée, je craque et je me remets en selle. J’ai en fait simplement décidé de faire un petit bilan de ma situation :

  • je monte à cheval depuis 25 ans

  • j’ai une très bonne assiette

  • je suis en très bonne forme physique

  • j’ai confiance en moi quand à mes capacités à cheval

  • je connais mon cheval, je sais lire ses états émotionnels et je sais quoi faire pour le réguler en cas de besoin

J’adapte ma pratique j'ai pris des précautions qui ME conviennent : je ne saute plus, je ne reste qu’en zone verte dans le manège, je ne travaille qu’au pas (trop de douleurs liées à mes varices pelviennes aux allures supérieures), je monte environs 2/semaines dont une fois avec mon amie enseignante, je change et ré-adapte d'autant plus le programme en fonction de mon état physique et émotionnel ainsi que celui de Jupiter.

2ème trimestre

Je continue sur cette même lancée. Je sors même seule en extérieur et ce sont nos 1ères sorties seuls depuis belles lurettes. Elles se passent extrêmement bien, car mon seul mot d’ordre est le suivant : sécurité émotionnelle. Alors forcément, plus je prends mon temps avec Jupiter, plus je veille à le garder stable et apaisé, et mieux la sortie se passe !

Bébé et utérus vont bien à chaque écho mensuelle. Le moral remonte. Je suis alignée avec mes décisions et cela me fait du bien ! Or, vous le savez, le moral est ce qu’il y a de plus important dans la santé d’une femme enceinte (ou non d'ailleurs).

Petit tips pour les douleurs liées aux varices pelviennes et vulviennes (qui s'aggravent pendant la grossesse du fait du poids du placenta, du bébé et du liquide amniotique. Portez évidemment vos bas de contention (oui promis on fini par s'habituer...) même à cheval. Mais surtout, pour limiter les douleurs, je vous recommande la culotte pelvienne Herapreg (géniale aussi pour les douleurs d'endométriose). La culotte permet de répartir la pression pelvienne en position assise (voiture, à cheval, au bureau, etc.) et limite franchement les douleurs.

Mon bilan : grossesse et équitation, une décision personnelle

Ecoutez-vous ! Et donc écoutez votre corps. À partir du moment où la grossesse n’est pas pathologique et que tous les signaux médicaux sont au vert, je suis d’avis que chacune est libre d’être décisionnaire de sa vie. C’est même un droit fondamental.

Certaines auront eu des sueurs froides en lisant que j’ai monté à cheval enceinte, d’autres seront rassurées de ne pas se savoir seules, d’autres se demanderont encore si elles ne poussent pas le bouchon un peu trop loin en montant jusqu’au terme.

Il n’y a pas de réponse tranchée en “oui, on peut monter à cheval enceinte” ou “non, il ne faut pas monter à cheval au cours d’une grossesse”. Et si quelqu’un a bien la réponse à cette question, c’est la future maman et personne d’autre.

Si le corps médical ne prenait pas cette posture de figure d’autorité, les cavalières se sentiraient à l’aise de partager leurs envies et leurs besoins de continuer de monter à cheval et elles trouveraient, en collaboration avec leurs soignants, le meilleur combo pour allier grossesse et équitation.

Précautions à prendre lorsque l'on décide de continuer de monter

Jusqu’à quand avez-vous continué de monter à cheval enceinte ?

(Produit non sponsorisé) Culotte de contention pour varices pelviennes et vulviennes pouvant être portée à cheval

3ème trimestre

Je suis actuellement à 6 mois et demi et j’ai décidé la semaine dernière que c’était ma dernière séance montée. Mon ventre est petit donc j’ai la chance de ne pas être gênée à cheval, mais mon bassin a bougé ce qui me crée des douleurs ligamentaires à cheval. Les douleurs de mes varices s’intensifient, et j’ai trop mal entre les séances, bref, il est temps de raccrocher mon casque !

Bébé et utérus vont toujours aussi bien, mais maman fatigue 😅. J’ai de plus en plus la flemme de travailler Jupiter (en d’autres termes, je suis fatiguée !), mon corps met plus de temps à se remettre d’un effort physique lambda.

FAQ - Questions fréquentes sur grossesse et équitation

Q : Est-ce dangereux de monter à cheval enceinte ?

R : L’équitation est un sport dangereux, point. On pourrait s’arrêter là 😅. Maintenant le risque qui angoisse le plus les soignants et l’entourage est la chute qui peut potentiellement entrainer des complications dans la grossesse voir le décrochage de l’embryon, le décès du fœtus ou du bébé plus tard.

Q : Comment travailler son cheval quand on est enceinte ?

R : En plus ou à la place de la monte, il y a bien sûr tout le travail à pied. Quand on est familier des chevaux, on sait pertinemment qu’être à pied ne réduit en rien le risque d’accident avec les chevaux. Longe, longes rênes, travail à l’épaule, travail à pied, balade en main, etc. de nombreuses possibilités existent pour continuer de bouger son cheval… mais aussi son propre corps !

Q : Peut-on continuer l’équitation enceinte si on est cavalière expérimentée ?

R : Je ne peux évidemment que légalement vous renvoyer vers votre médecin sur cette question. Mais je peux aussi vous encourager à vous poser ces questions personnelles (toutes pathologies de grossesse mise de côté) : quel est votre niveau équestre ? La qualité de votre assiette ? Connaissez-vous bien votre cheval ? Quel niveau de confiance avez-vous en vos compétences ? Savez-vous lire votre cheval ? Et le maintenir dans un état régulé ? Avec quels risques êtes-vous ok ou non de dealer (ex : ok pour continuer de travailler sur le plat mais pas ok de sauter).

Q : Quels sports sont recommandés pendant la grossesse ?

R : Les médecins vont déconseillerons de vous initier à de nouveaux sports et auront en horreur ceux avec un risque de chute comme le vélo ou avec trop de rebond comme la course. A vous d’évaluer en fonction de votre grossesse, de votre état physique et de vos envies. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut bouger et entretenir vos muscles pendant votre grossesse ! Car l’accouchement ce n’est pas de tout repos…

Q : Quels sports sont déconseillés pendant la grossesse ?

R : Ceux à risque de chute, de coups et contractant trop la sangle abdominale (augmentation du risque des contractions utérines). Si vous en avez la possibilité, tournez-vous directement vers un médecin spécialisé dans votre sport. Il ne vous polluera pas avec ses angoisses liées à sa non connaissance du sport que vous pratiquez, et saura vous aiguiller en toute objectivité, sans vous infantiliser 😊.

Solenn Habre

Psychologue depuis 2016, les émotions et la relation sont le coeur de mon métier. La rencontre de mon cheval Jupiter en 2020 m'a fait réaliser l'impact exceptionnel qu'avaient nos émotions dans la relation avec nos chevaux. Depuis, je vous accompagne dans cette voie !

couple cavalier cheval plage
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