Et si ton cheval n’était pas fait pour toi ?
Dans ce podcast, nous allons explorer un sujet sensible mais ô combien important : le sentiment d’avoir choisi le mauvais cheval. Les erreurs de casting existent, mais ce qui nous intéresse, c’est ce que ce sentiment de ne pas avoir le bon cheval vient dire de nous, humain·es, plutôt que ce que ça dit du cheval.
Solenn Habre
12/14/202419 min read
Podcast Symbiose Équine - Épisode 6
Transcription
“Bienvenue sur Symbiose Équine, le podcast du cavalier qui met du sens sur vos questionnements et des mots sur vos émotions. Au détour de chaque épisode, allez à la rencontre de vous-même et de votre cheval afin d'entrer en symbiose avec lui. Le tout saupoudré d'une bonne dose de lâcher prise.
Bonne écoute !
🎧🎤🐴
Bonjour à tous et bienvenue sur ce nouvel épisode de podcast. Aujourd'hui, on va aborder la question qu'on peut retrouver dans tellement, tellement, tellement de livres. Les chevaux sont-ils vraiment notre miroir ? Je vous laisse vous faire votre propre avis avec les arguments que je vais vous présenter qui relèvent à la fois des neurosciences et à la fois de mon avis personnel.”
Vous n’êtes pas seul à vous demander si vous avez choisi le bon cheval
“Ami·e cavalier·e, bien le bonjour ! Et si mon cheval n'était pas le bon ? Et s'il n'était tout simplement pas fait pour moi et que je m'étais trompée en le choisissant ? Je reçois régulièrement des messages comportant ce type de propos. Notamment une fois, un mail, il n'y a pas si longtemps que ça (il y a un mois ou deux), avec, je vais vous lire la première phrase (je me la suis soulignée parce qu'elle est vraiment parlante et je pense que beaucoup de personnes vont se reconnaître dedans)... Cette personne me dit :
“récemment, j'ai même commencé à me demander si je ne m'étais pas trompée de cheval, remettant en question sa taille, son caractère, mes efforts. Alors la réalité c'est que beaucoup de choses ont évolué depuis que je l'ai, et je sais que je suis la seule à avoir les clés pour régler ce problème, mais parfois, j'avoue, je perds espoir”.
Ce type de message, j'en reçois malheureusement un peu trop. Alors, bon, en même temps le type de contenu que je propose fait que forcément je réceptionne du coup ce type de message. Mais c'est quelque chose qui est vraiment récurrent et qui indique en tout cas cet état de perte d'espoir et de “j'ai dû me tromper en fait, c'est pas le bon cheval et je vais lâcher l'affaire” en quelque sorte, “je le revends, on arrête tout, et soit on arrête tout, soit j'en rachète un, mais là on arrête de se faire du mal”.
Ce type de propos, il est dur à assumer, à verbaliser, à conscientiser, parce qu'il est souvent accompagné de honte, de culpabilité, de beaucoup de douleur émotionnelle en fait.
Mais simplement ce que ça témoigne, c'est qu'il y a beaucoup de douleur, c'est qu'il y a une souffrance qui est très présente, que là il y a vraiment besoin d'être aidé, de ne plus être seul pour faire face aux difficultés qu'on rencontre, d'où le sujet d'aujourd'hui.”
Choisissons-nous les bons critères pour trouver notre cheval ? De l’art de (vraiment) identifier nos besoins
“Les critères de sélection de son futur cheval sont la plupart du temps basés sur nos objectifs, qu'ils soient plutôt sportifs, plutôt pour du loisir, basés aussi sur le tempérament du cheval à peu près… et encore peut-être que ça c'est un critère qui vient un peu moins dans les premières lignes. Souvent il y a la race, la taille, l'âge bien sûr. Et puis ensuite voilà, inconsciemment, on est beaucoup à chercher le cheval avec qui ça va matcher. En tout cas moi, je me rappelle très bien, Jupiter, à l'époque, avant que je le cherche, c'était simple je voulais un cheval, c'est tout.
Mon objectif c'était réaliser mon rêve de gosse : “je veux un cheval”.
Ce qui avait un côté très immature, et qui m'a aussi amené à faire des erreurs basées sur cette immaturité affective. Pas immaturité dans le sens, je dis pas ça pour me rabaisser ou quoi, mais vraiment ce qui se jouait à l'intérieur de moi était. Comment dire… c’était une sorte de “mini solenn”, toute jeune, donc assez immature effectivement, qui là attendait une seule chose, c'est qu'il y ait son cadeau de Noël sous le sapin et qu'elle l'ouvre, en gros.
Et donc mes critères, bon, je savais que je voulais un cheval plutôt jeune. Mais j'étais sortie un peu du monde équestre, donc j'avais plus trop trop idée, voilà, un 5 ans qu'est-ce que ça donnerait. Bon c'est quand même un peu vert, mais pas trop non plus. Bon. Je savais juste que voilà, je voulais qu'il soit jeune, je voulais que ce soit un ibérique, parce que je pense que ça me faisait assez rêver. Je voulais plus sauter, je voulais vraiment m'axer sur le dressage, donc c'est des chevaux qui, de ce qu'on en dit, ont de belles aptitudes. C'est des chevaux tout-terrain, qui vont dehors, qui n'ont pas vraiment peur de l'extérieur, qui ont un pied sûr. Ces petits “on-dit”, qu'on peut trouver un peu en tapant sur Google. C'était ça mes critères de sélection. Donc c'était quand même quelque chose de très minime, pas futile, mais franchement pas très poussé.
C'était pas plus poussé que ça, parce que finalement, derrière, on en revient à ce que je vous disais à l'instant, ce qui motivait vraiment l'achat de mon cheval, c'était que je voulais un cheval, point ! Et ça, ça m'a amené à faire des choix qu'aujourd'hui j'aurais fait différemment. Je me serais bien mieux fait accompagner. J'aurais repris l'équitation plus longtemps avant de me précipiter dans l'achat d'un cheval, j'aurais pris le temps de prendre une décision beaucoup plus rationnelle plutôt qu'émotionnelle. Exemple classique par exemple, je pensais acheter un cheval plein papier, et en fait il y a eu une arnaque là-dessus. C'est-à-dire que sur les papiers non officiels, il était écrit que c'était un PRE, et quand j'ai reçu ces papiers et que ça y est, tout était payé, le cheval était là, il y avait écrit ONC.”
Comprendre le poids de nos propres attentes cachées et de la quête d’un idéal fantasmé
“Bon, et ben voilà, je me suis fait très fortement avoir parce que j'étais dans une démarche tellement émotionnelle, avec de telles attentes personnelles derrière, que je n'étais pas du tout dans une démarche où je pense que je pouvais laisser l'espace à un facteur éventuel qui viendrait annuler cette vente et voir ce cheval me passer sous le nez. J'en avais déjà deux que j'avais essayé qui m'étaient entre guillemets passés sous le nez, celui-là c'était hors de question. Donc je pense que de toute façon j'aurais refusé de le voir inconsciemment. Bon, ça c'est la partie psy qui parle et qui analyse toujours tout, mais voilà.
Si je dis ça, c'est pour résumer le fait qu'on a des critères de sélection officiels, et puis on a aussi tout un pan d'attentes personnelles qui sont dans l'ombre et qui influencent énormément le choix de notre cheval. On va tous rêver à une relation très complice, à se comprendre d'un seul regard, faire des balades en main, se balader même pendant des heures, faire des randos. Moi ça c'était mon rêve, de faire des randonnées itinérantes. Bon, on n'en est pas là du tout ! Avoir un cheval qui vous accueille au galop quand vous arrivez le chercher au pré, un cheval qui est toujours motivé, plein d'entrains, dans la joie de vivre, bon.
Bref, on idéalise en fait énormément de choses et ça crée des attentes où en fait on attend de notre cheval qu'il cerne nos envies, nos attentes justement, et qu'il y réponde.
Voire même, et là je pense qu'on est encore dans un autre pan du fonctionnement humain, encore un peu plus profond on va dire, pour beaucoup, pas toujours évidemment, mais pour beaucoup. En achetant ce cheval, c'est une sorte de tentative de réparation de certaines peines qu'on peut avoir, certaines blessures qu'on peut avoir. Et on met entre les mains de ce cheval des attentes de réparation, qu'il ne pourra évidemment pas accomplir. Mais inconsciemment, on lui fait porter beaucoup de choses.
Et le souci c'est que quand tout ça se produit en amont, quand on a tout ce bagage d'attentes en amont, et bien quand le cheval arrive, qu'il entre dans notre vie, et qu'on découvre qu'en fait c'est un individu, et pas juste quelqu'un qu'on a rêvé, qu'on a idéalisé (du coup on l’a déjà un peu pré-rentré dans un certain moule, ça veut pas dire qu'on est des monstres quand on fait ça, c'est normal), et bien ce cheval, il arrive, et là paf, c'est la désillusion. Le cheval ne vient pas nous voir au prés, il est sur l'œil en extérieur, il nous mord au travail, il n'est pas motivé, il a la flemme de faire les choses, il a peur de plein de choses, bref, plein de choses qui font qu'on déchante, et on comprend pas forcément ses comportements.
Lui n'arrive pas forcément à lire nos intentions, ou au contraire, il perçoit très bien que nous, en tant qu'humain, on est chargé d'émotions, chargé d'attentes, et là c'est le chaos.
On se met la pression pour tenter de dépasser les mauvais moments, sans vraiment y réussir. La communication, un coup elle fonctionne, un coup elle dysfonctionne. Le plaisir s'étiole dans le temps, et bref, on en vient à se demander si on se serait pas trompé de cheval. C'est un peu un scénario classique, avec des petites variantes pour chacun, mais globalement, c'est quand même la même trame.
On a un cerveau humain qui fait que, et ça vous parlera peut-être, on en vient du coup au début souvent à se questionner sur, bon, est-ce que c'est la bonne race ? Est-ce que j'ai choisi le bon âge ? Est-ce que j'ai suffisamment le niveau pour avoir ce cheval ? Et puis, quand toutes ces réponses-là ne trouvent pas de réponse, ou ils trouvent une réponse négative, on en vient à quelque chose d'encore plus poussé en termes de douleur. C'est-à-dire, là j'envisage vraiment de le revendre en fait, ou de prendre une DP, et moi de ne plus m'en occuper. On se retire complètement de la relation.”
Contrer le désespoir avec de la prise de hauteur
“Qu'est-ce qu'on fait quand on en arrive à un tel stade de désespoir ? Il faut reprendre un peu de hauteur sur tout ça. Il faut prendre de la hauteur pour retrouver un regard suffisamment objectif, pour se poser les bonnes questions et dessiner les bonnes voies d'action, on va dire, en tout cas emprunter les bons chemins.
En prenant de la hauteur, vous allez pouvoir vous demander qu'est-ce qui se joue réellement pour moi dans ces moments-là ? Qu'est-ce qui me met à ce point en difficulté et qui m'amène à envisager de tout arrêter ? Est-ce que c’est “je sais pas” ? C'est la peur de décevoir le coach qui m'a choisi ce cheval ? Est-ce que c'est parce que je suis en colère contre moi de ne pas réussir à gérer mes émotions ? Est-ce que j'ai honte de me retrouver en difficulté face à, ouvrez de gros guillemets, un “simple animal” ? Fermez ces gros guillemets ! Est-ce que je n'arrive pas à accepter que l'autre ne corresponde pas à des besoins, à mes besoins ? C'est-à-dire que je perds le contrôle, ça c'est douloureux ? Encore une fois, ça fait pas de moi un monstre, mais pour autant c'est douloureux, on est humain.
Est-ce que j'avais tellement envie d'avoir un meilleur ami, en quelque sorte, vraiment une relation intime et particulière, que là finalement je me sens profondément rejetée et c'est douloureux parce que j'ai beaucoup trop ressenti ce sentiment de rejet dans ma vie ?
Bref, il peut y avoir énormément de facteurs qui se jouent et qui, même plus particulièrement, se rejouent dans la relation avec votre cheval. En fait, le questionnement il est toujours le même. C'est-à-dire qu'à partir du moment où la souffrance est intense, je ne parle pas de “ça ne s'est pas super bien passé, ça m'a un peu gavé”, mais ça ne remet pas en question l'ensemble de ce que j'ai mené à terme jusqu'à ce que mon cheval arrive dans ma vie. Quand la souffrance, elle est très forte, qu'on sent que ça nous prend aux tripes, ça c'est l'indicateur qu'il y a des choses beaucoup plus profondes qui se rejouent avec nos animaux.
De la même manière que ça peut aussi, et c'est très souvent le cas, que ça se rejoue aussi dans nos relations avec nos humains qui nous entourent, enfin les autres humains qui nous entourent au travail, en famille, dans le couple, avec les amis, avec nos enfants, etc. Et donc, d'identifier que là, cette souffrance est très forte, qu'elle indique que ça touche une blessure à l'intérieur de moi qui est très forte, va me permettre de nouveau, hop, de prendre un peu de recul, de regarder en fait, cette blessure est liée à quoi ? Et c'est ça qu'il va falloir que je répare, pour que cette blessure ne vienne plus me pourrir la vie avec des attentes très élevées concernant mon cheval. Il va me falloir identifier les émotions qui vont être suscitées, qui vont être créées dans les moments où ça ne va pas avec mon cheval.”
Se comprendre soi-même, ses émotions et ses schémas relationnels qui se rejouent avec son cheval
“Il va falloir identifier l'image que vous avez de vous-même lorsque vous réagissez de telle ou telle manière avec votre cheval, ou lorsque vous faites face à tel ou tel comportement de votre cheval. C'est-à-dire, ok, là il se passe ça, je ressens ça comme émotion, quelle image ça me renvoie de moi ? Est-ce que je me sens comme quelqu'un de faible ? Est-ce que je me sens comme quelqu'un qui n'est vraiment pas digne d'amour ? Est-ce que je me sens comme quelqu'un de nul ? Et puis aussi, le comportement que cette situation va déclencher en vous. Est-ce que vous allez prendre la fuite, vous lâchez l'affaire ? Est-ce que vous vous acharnez ? Vous allez au frontal avec votre cheval ? Et là, vous allez voir se dessiner un parfait schéma relationnel. Qui a de très (très très) grandes chances d'avoir pris naissance bien plus tôt dans votre vie ?
On est le fruit d'expériences. Nous, les individus sont le fruit d'expériences cumulées qui font qu'on agit de telle manière en fonction de ce qu'on a appris, ok ? Donc rien de bizarre là-dedans. Mais l'idée, c'est quand même de comprendre comment je fonctionne, et je fonctionne en fonction de ce que j'ai appris.
Bref, ce parfait schéma relationnel, une fois que vous l'avez identifié, vous allez pouvoir ensuite agir dessus, comprendre que potentiellement là, en fait, c'est un chemin, en tout cas peut-être un schéma relationnel, qui n'est pas fonctionnel, et qui aujourd'hui n'est pas du tout adapté au mode de relation que vous souhaitez nouer avec votre cheval.
Et qu'il va falloir du coup un peu le modifier ce schéma relationnel. Il va falloir l'alléger, il va falloir l'adapter à cet individu qui est face à vous, c'est-à-dire votre cheval. Un individu propre, donc vous pouvez pas y plaquer un mode de relation que vous avez appris depuis des années, c'est pas possible. Il va falloir vous adapter à votre cheval et créer une nouvelle manière de fonctionner. Et surtout il va falloir laisser au passé les petites choses qui peuvent venir vous pourrir, comme je vous disais, et qui vont venir charger la relation que vous avez avec votre cheval de choses qui n'ont rien à faire là. Je vous donne un exemple pour que ça soit beaucoup plus concret.”
Comment Jupiter m’a mis face à mes attentes et mes schémas relationnels
“Ok, Jupiter arrive dans ma vie. Ce que je fais rapidement c'est que je me dis “bon on va prendre un peu à se découvrir, à se rencontrer”. Je passe ma vie sur Youtube, dans des livres. J'essaie de trouver des trucs. Et bref, je me lance dans une séance où en fait on se met simplement en liberté dans le manège, donc moi dans le manège Jupiter. Et puis là, on va voir, il faut essayer de créer quelque chose.
Sauf que mon cheval, il en a absolument rien à faire de moi. Il est à chaque fois au point opposé du manège de là où je me situe, collé à la porte dans la mesure du plus possible, m'indiquant très clairement qu'il aimerait se barrer. Et là c'est compliqué, parce que je me sens très seule, je me sens très triste, je ne sais pas comment je peux faire pour essayer de me rendre intéressante pour ce cheval. J'avais en fait imaginé tellement de choses depuis tellement longtemps, que là le fait de me retrouver confrontée à une réalité qui ne se passe pas comme prévu, franchement c'était douloureux, c'était dur !
Sauf que plus c'était dur et douloureux, très clairement je pense que moi mon cheval avait envie de venir, et ce truc de quand vous êtes tristes, vos animaux viennent à vous, le sentent et vous soutiennent. Oui, mais pas toujours, et pas quand c'est un animal qu'on ne connaît pas par exemple, et surtout que lui ne nous connaît pas. Donc ma seule peine n'allait pas suffire à attirer mon cheval pour qu'il vienne me soulager. Et rien que là, on voit qu'il y a déjà quelque chose de dysfonctionnel. C'est-à-dire que je ne peux pas attendre de mon cheval que pour nouer notre relation, on soit dans un rapport de soin. C'est-à-dire que j'ai mal, je souffre, je me sens rejetée, et j'attends de lui qu'il vienne me réconforter et me faire du bien.
Non, la relation de base ne peut pas se tisser d'abord sur ça, il faut d'autres fondements pour qu'ensuite il y ait cette proximité-là et cette intimité-là qui se mettent en place.
Pourquoi est-ce que c'était douloureux pour moi d'être dans ce manège et d'avoir mon cheval qui voulait juste partir, mais juste pas rester là ? Et bien tout simplement c'est que ça me remettait en scène tant de situations où je me suis sentie rejetée, où j'ai été laissée seule, j'ai été oubliée, j'ai été abandonnée, etc. Que là le fait de voir un individu pour lequel j'ai beaucoup d'estime, d'affection, d'attente, c'est très chargé d'émotions, qui s'éloigne de moi, ça, l'observation de ce constat-là associé aux émotions que je ressentais vis-à-vis de ce cheval, sont venus directement taper dans mes propres schémas relationnels qui m'ont fait être qui j'étais à ce moment-là, qui ont changé aujourd'hui, mais voilà qui je suis.
Et ça, c'est venu retaper du coup dans des schémas douloureux et dysfonctionnels qui font que face à un individu qui s'éloigne de moi, qu'est-ce qui se tisse dans mon corps, c'est “oh, je suis rejetée, je suis rejetée, l'autre ne m'aime pas, il y a quelque chose qui ne va pas en moi”. Et en plus, cette expérience que je vis ne fait que confirmer ce que j'ai vécu par le passé. Puisqu'en effet, je suis tellement quelqu'un de pas aimable que même un cheval ne veut pas être avec moi, en quelque sorte.”
“Mauvais” ou “bon” cheval, saisissez cette occasion pour identifier et changer votre mode relationnel
“Je mets des mots, je décris, je grossis un peu les traits, mais finalement, pas tant que ça. Parce que quand ça nous active dans nos tripes, c'est vraiment des scénarios aussi intenses et douloureux qui se tissent dans notre tête, à un niveau cognitif. Prendre conscience de ce qui se rejouait pour moi, ça a été l'occasion en or de justement déjouer ce schéma relationnel et faire différemment avec mon cheval.
Il m'a fallu travailler sur moi, ça ne tombe pas du ciel et ça ne se trouve pas dans un bouquin.
C'est la thérapie qui m'a réparée, qui m'a permis d'apprendre à faire différemment avec mon cheval. Avec cet exemple, ce que je veux que vous reteniez, c'est que posez-vous la question de que se passe-t-il pour moi quand j'ai mal dans une situation donnée avec mon cheval ? Qu'est-ce que je vis émotionnellement ? Qu'est-ce que je pense de cette situation ? Et surtout, surtout, quelle image est-ce que j'ai de moi ? À quel moment dans ma vie est-ce que j'ai déjà vécu une telle charge émotionnelle avec une telle image de moi et avec un tel comportement ? Ça va vous permettre de prendre du recul et de venir modifier, faire différemment, transformer ces fameux schémas relationnels.
Généralement, quand vous avez appris, quand vous avez eu des expériences relationnelles positives, vous avez appris à être souple dans vos modes de relation. C'est-à-dire que selon les individus que vous avez face à vous, vous allez vous adapter, vous moduler. Il y a une vraie souplesse qui vous permet de mettre à distance certains désaccords, de ne pas forcément être envahi par les émotions face aux premiers petits conflits ou juste des désaccords, ou louper quelqu'un, je sais pas, qui vous oublie, qui s'est engagé sur un truc, qui zappe, ce genre de choses.
Par contre, quand on n'a pas cumulé d'expériences relationnelles suffisamment positives, on va développer ce qu'on va appeler un attachement insécure et donc on va développer des schémas relationnels qui sont très rigides et qui sont inadaptés à la vie d'adulte que nous menons aujourd'hui et qui, du fait de leur rigidité, ne sont pas souples.
Et donc j'agis de telle manière avec tout le monde, quelles que soient les personnes qui sont face à moi, quelles que soient les situations qui sont face à moi. Là ça crée les clashs, là ça crée des conflits, là ça crée de la souffrance émotionnelle, ça crée des désaccords, ça crée des mésententes. On communique mal et on se comprend mal dans cette communication.
Donc si c'est votre cas, entamez ce petit process que je vous ai donné pour justement prendre du recul sur ce que vous vivez et comprendre quel type de schéma s'opère en vous et se rejoue dans la relation avec votre cheval, pour pouvoir aller agir dessus, le déconstruire et faire différemment.
Nos chevaux, que ce soit le bon, pas le bon, finalement peu importe.
Nos chevaux, ils sont qui ils sont et la relation que l'on tisse avec eux, c'est une occasion en or pour nous d'apprendre encore plus sur qui nous sommes, sur qui nous voulons être et sur comment est-ce que je peux fonctionner avec moi de manière adaptée et fonctionner avec l'autre de manière adaptée.”
Finalement, c’est votre histoire avec votre cheval, et cette histoire elle vous appartient
“Bien sûr ce propos, il a du sens selon le type de recherche du futur cheval que l'on a mené. C'est-à-dire que si la recherche de ce futur cheval, vous l'avez faite pour des attentes de performances sportives exclusivement et où du coup la sélection du tempérament, du niveau, des capacités du cheval vont être primordiales. Et donc, en effet, dans ce cadre-là, un cheval peut ne pas correspondre à nos attentes, en tout cas à nos objectifs. Dans le cadre où vous recherchez un partenaire pour vivre une relation avec lui, alors là le cheval qui partage votre vie sera toujours celui qu'il vous faut.
Parce qu'une relation ça ne se commande pas, c'est pas un menu best-of qu'on commande au McDo et on a toujours la même chose. Une relation ça se crée.
Donc simplement, c'est un individu que vous rencontrez avec qui vous construisez une relation et pour ça, ça va vous demander de vous adapter. Votre cheval aussi, mine de rien, ça lui demande beaucoup d'adaptation. Et d'ailleurs ce cheval, c'est peut-être pas le seul qu'il vous faut.
Enfin il y en aura peut-être d'autres, il y a des personnes qui ont plusieurs animaux, plusieurs chevaux. Parfois on a un cheval l'un après l'autre. Et chaque individu en fait est celui qu'il vous faut à partir du moment où ce que vous recherchez, c'est créer une relation plutôt intime et proche.
Et ça finalement, quel que soit l'âge, la race, la discipline de prédilection, c'est pas ça qui va vous apporter la relation. C'est par contre au contraire tout le travail que vous allez faire sur vous qui va vous permettre de nouer cette fameuse relation que vous recherchez. En tout cas moi c'est ce que j'en pense.
Ça veut pas non plus dire que vous êtes dans l'obligation de garder le cheval que vous avez pris alors que vous ne parvenez pas à trouver l'équilibre qui vous fait du bien. Il y a des fois, il y a des tempéraments, on va dire, il y a des histoires de vie qui ne matchent pas et qui ne matcheront peut-être jamais. Et c'est ok de se dire “là en fait je suis arrivé au bout de ce que je pouvais faire. Et c'est important pour moi de m'écouter et de mettre fin à cette histoire qu'on a tissée aussi chaotique à tel été, c'est une histoire”.
Et donc vous êtes pleinement libre de garder votre cheval comme de le revendre ou comme de le confier à quelqu'un et nul n'a le droit de vous juger pour ça.
Savoir mettre fin à une relation qui n'est pas forcément bonne pour soi c'est aussi très thérapeutique, c'est très réparateur. Et en ça, c'est peut-être aussi probablement le cheval qu'il vous fallait pour réussir à prendre des décisions difficiles pour vous, pour réussir peut-être à couper des liens qui ne fonctionnaient pas, des relations qui ne fonctionnaient pas. Et cette histoire avec ce cheval-là vous aura aidé et appris ça. Donc en un sens, c'était le cheval qu'il vous fallait à un moment donné dans votre vie.”
Même les séparations peuvent avoir un “happy ending”
“J'espère que ces pistes de réflexion vous ouvrent à la réflexion justement. Que l'on soit d'accord ou pas, peu importe. C'est pas tant ça qui compte, c'est d'ouvrir le regard, d'ouvrir le champ des possibles pour réfléchir, pour retrouver espoir aussi, se dire “tiens ça j'ai pas tenté, je peux le tenter”. Ou au contraire, c'est ok d'être arrivé au bout de quelque chose et de faire le choix d'y mettre fin. Et d'autant plus que toute séparation n'a pas forcément besoin de mal se passer.
Ça, c'est vraiment quelque chose je pense qui est propre à tous mes suivis. Tous, tous, tous. En tout cas l'immense majorité. C'est que “comment on fait au moment de la séparation ?”. Alors, par exemple quand je prends des vacances, c'est un très bel exemple. Mais, n'en parlons pas quand il s'agit pour x ou y raison un déménagement, qui est une fin de suivi ou juste on arrive à la fin de ce sur quoi on avait décidé de travailler. Et bien c'est l'occasion de travailler ça.
Les séparations peuvent aussi bien se passer. Ça peut se faire dans une forme d’un commun accord, ça peut se faire dans l'apaisement. Et qui dit séparation ne veut pas dire que l'autre disparaît à tout jamais.
On peut continuer d'avoir des nouvelles, de passer, faire un coucou ou pas si on ne souhaite pas. Mais l'autre continue d'exister à l'intérieur de nous, dans les souvenirs, au travers des expériences qu'on a vécues ensemble. Donc la séparation ne veut pas dire la disparition à vie, à jamais, de l'autre être vivant en fait.
Voilà bon je vous laisse sur ces propos et puis je vous dis à très vite pour un prochain épisode. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout.
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À très vite !”
Solenn,
Psychologue & fondatrice de Symbiose Equine, la psychologie adaptée aux cavaliers


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Consultation psychologique dédiée au cavalier :
Psychologue clinicienne et psychothérapeute diplômée d'Etat
Numéro RPPS : 10008961269