Quand il est l’heure de quitter son coach d’équitation

Podcast Symbiose Équine - Épisode 10

Transcription

“Bienvenue sur Symbiose Équine, le podcast du cavalier qui met du sens sur vos questionnements et des mots sur vos émotions. Au détour de chaque épisode, allez à la rencontre de vous-même et de votre cheval afin d'entrer en symbiose avec lui. Le tout saupoudré d'une bonne dose de lâcher prise.

Bonne écoute !

🎧🎤🐴

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de podcast, épisode qui m'a été demandé par une abonnée il y a plusieurs semaines de ça. J'essaie au maximum de noter vos demandes et vos suggestions pour y répondre ensuite, que ce soit sous format podcast, sur Instagram, sur mon compte Symbiose Équine, ou en newsletter d'ailleurs aussi. La question qui m'était posée faisait suite à une série de contenus, dans mes newsletters d'ailleurs, sur les violences faites dans le milieu équestre.”

Quitter un moniteur d’équitation toxique : pas si évident !

“La personne me demandait comment quitter un moniteur qui justement n'est pas bienveillant, qui ne nous fait pas du bien, ou des fois tout simplement avec qui le feeling ne passe pas. C'est une question hyper pertinente, qui nous a toutes et tous concerné·es au moins une fois dans notre vie. Donc j'ai décidé de vous découper cet épisode de podcast en trois grandes parties.

On va voir ensemble comment quitter un coach avec qui le courant n'est pas incroyable. Comment quitter un coach qui n'est pas pro du tout, voire qui, peut être même, est malveillant. Et puis comment est-ce qu'on quitte un coach avec qui justement tout se passe bien.

Et c'est peut-être finalement le plus difficile. Parfois, on rencontre des pros avec qui rien de grave ne se passe, mais le courant n'est simplement pas là. Généralement, la difficulté à mettre un terme à la relation professionnelle n'est pas grande, car il n'y a pas encore beaucoup d'affect d'engager.

Il est alors plus facile de ne pas renouveler l'expérience avec ce coach, tout simplement. Faut-il pour autant justifier son choix de ne pas reprendre cours avec lui ? Ça, ça dépend de vous. Vous pouvez très bien ne pas vous justifier, simplement parfois par peur de vexer ce coach ou par manque de confiance en vous pour le faire.

Tout comme vous pouvez faire le choix de rendre la fin de cette relation un peu plus humaine et d'apporter des éléments de compréhension à votre décision. Par exemple, j'ai bien aimé l'approche, mais je ne me suis pas sentie suffisamment à l'aise. J'ai finalement fait le choix de rencontrer d'autres professionnels pour avoir encore d'autres regards sur mon couple. J'ai besoin de temps pour réfléchir au fait de reprendre un cours ou non, simplement. Bref, exprimez de manière adaptée les raisons pour lesquelles vous cessez votre collaboration.

C'est non seulement l'occasion de travailler votre affirmation de vous-même, mais également peut-être une opportunité pour ce professionnel de faire les choses différemment la prochaine fois, ou de s'améliorer.

L'idée n'est donc pas de l'accabler, mais d'expliquer que toute critique n'a pas à être accablante. Comment quitter un coach avec qui, par contre, ça ne se passe pas bien du tout ? Déjà, on va se demander ce qu'est un bon coach. Un bon coach, ok, il est compétent, certes, mais pas que.

C'est même d'ailleurs, pour moi, loin d'être suffisant. Un bon coach, il doit aussi être pédagogue avec de réelles qualités relationnelles. Il saura s'adapter aux difficultés de chacun de ses élèves.”

Qu’est-ce qui fait un bon moniteur d’équitation ?

“Il saura repérer ses propres limites et les verbaliser. Il est ouvert à l'échange et laisse la place au vécu du cavalier et du cheval. Ça ne fait pas lui quelqu'un de parfait, ni d'un robot ou d'un psy, mais juste d'un humain qui a appris à enseigner.

Car oui, l'enseignement, ça s'apprend. Et dans l'enseignement, il y a de la communication. Et si ça s'apprend, c'est justement parce que c'est difficile et c'est épuisant.

En réalité, moi, je serais même pour de la supervision pour ces professions qui sont passionnantes, mais aussi ardues, afin de leur permettre d'avoir des lieux d'échange où ils peuvent justement témoigner de leurs difficultés et les éviter de se retrouver à développer des mécanismes de protection qui peuvent ne pas être adaptés avec les élèves. C'est également des lieux où ils pourraient apprendre à s'améliorer, à faire différemment. Moi, je trouve que les supervisions, c'est génial et pourtant, ça n'existe pas du tout. Enfin, pas du tout, j'exagère, mais ça existe très peu dans ce milieu.

Le problème est que certains pros ne se forment pas à l'enseignement.

Ils sont excellents cavaliers, donc naturellement, ils deviennent coachs, mais quid de l'apprentissage de la pédagogie, quid de l'apprentissage du fonctionnement humain, quid des qualités relationnelles nécessaires à l'enseignement.

Certains vont alors manquer de bienveillance par maladresse ou par simple incompétence émotionnelle et relationnelle. Ils ne vont pas savoir reconnaître un cavalier inquiet, ils ne savent pas le rassurer et ils gèrent encore moins le fait d'être mis en difficulté par leurs élèves et peuvent même du coup s'énerver en réponse à ça. D'autres encore peuvent même succomber au plaisir de l'ego, d'être le "sachant".

Il y a un côté "supériorité" qui est quand même assez délicieux, on ne va pas se mentir. Et il n'y a rien de foncièrement mauvais d'ailleurs là-dedans, sauf que c'est clairement pas adapté et ça peut avoir de très lourdes conséquences sur les élèves. Et puis, il y a ceux, en plus petite minorité, j'aime à le penser, qui entrent dans l'enseignement justement pour toucher un peu de ce pouvoir-là.

Le pouvoir d'exercer son autorité, le pouvoir d'influencer le moral d'un élève, le pouvoir de contrôler des êtres vivants pendant une heure, le pouvoir de détenir quelque chose de plus par rapport aux élèves, le savoir, l'approbation, la décision des exercices qu'on va faire, le niveau de difficulté, accorder un peu de son temps et de son attention, accorder un peu de ses précieuses connaissances. Il y a ceux qui vont utiliser la crainte pour enseigner, voire même la violence psychologique dans les cas les plus poussés. Et comment est-ce qu'on fait avec ces personnes-là qui sont inadaptées par manque de compétences émotionnelles et relationnelles, et ou clairement par violence, par plaisir ? Déjà, il faut couper la relation le plus rapidement possible.”

Changer de coach pour mieux vivre son équitation et protéger votre santé mentale

“Les dégâts psychologiques créés par ce type de personnages sont beaucoup trop graves pour ne pas réagir. Perte de confiance en soi, croyance négative, traumatisme, syndrome anxio-dépressif et autres seront des freins à l'apprentissage de l'équitation. Mieux vaut un coach moins compétent, mais humainement incroyable qui vous emmènera loin parce qu'il croit en vous et parce qu'il sait comment vous aider émotionnellement, qu'un coach surqualifié, mais qui vous détruira de l'intérieur.

Pour couper la relation, il faut déjà en parler.

Le tabou, c'est ce qui permet à ces individus de continuer à exercer ainsi en toute impunité. Alors, brisez le silence et parlez à une personne de confiance.

Faites-vous entourer pour légitimer votre ressenti et vous aider à sortir de cette relation dans laquelle vous êtes comme emprisonné·e. Cela peut prendre du temps, c'est clair, parce qu'il y a souvent plein d'enjeux qui sont rattachés, pas d'autres profs dans le secteur, des tarifs avantageux, des connaissances en commun, etc. Puis, lorsque vous vous sentirez prêt·e, mettez un terme assez court, même par message si c'est trop difficile de le faire en face à face.

Faites cela en présence de quelqu'un si nécessaire et si vous craignez la réaction de votre coach. Vous pouvez là encore faire le choix d'exprimer le pourquoi, vous stoppez les leçons ou pas. Et si vous faites le choix de justifier cette décision, pensez à le faire pour vous et non pas pour obtenir un quelconque retour de ce coach.

C'est comme ça que vous allez assurer le fait de le faire justement pour répondre à votre besoin de verbalisation et non dans l'attente d'une sorte de réparation, d'une remise en question de cette personne, d'une quelconque justice qui n'ont pas forcément de chance d'aboutir, ça dépend des profils en tout cas. Et ainsi vous allez vous préserver d'une déception éventuelle et du coup d'une douleur émotionnelle. Après tout, pourquoi quitter son coach alors que tout se passe bien ? Bah parce que parfois on déménage. Parce que lui déménage. Clin d'œil à deux amis qui sauront de quoi je parle malheureusement pour elle. Bref, l'envie n'est pas là mais le choix non plus.”

Bien préparer la transition pour mieux vivre le deuil de la relation avec votre “futur-ancien” coach d’équitation

“Les séparations font partie de la vie et aussi douloureuse soit-elle, il faut y faire face. Tout d'abord, une séparation, ça se prépare. Sauf cas exceptionnel évidemment.

Connaître la date du dernier cours est important pour commencer à se préparer émotionnellement.

Vous pouvez verbaliser votre ressenti, c'est essentiel. Faites part à votre coach de votre tristesse, de votre désarroi, de votre inquiétude à vous retrouver tout·e seul·e.

Non seulement ça va permettre de tisser du lien avec lui, mais en plus ça lui ouvre la possibilité à votre coach de vous témoigner en retour de son ressenti. Peut-être que lui aussi il vit des choses qui le culpabilisent, peut-être qu'il est triste, peut-être qu'il est inquiet. Une relation n'existe que parce que vous êtes deux et que vous vivez des choses ensemble.

Vous avez vécu ensemble de bons moments, probablement des moments aussi de difficultés, vous les avez traversés, alors vous traverserez aussi celles-ci. Si vous partagez à l'autre un peu de votre vulnérabilité, c'est ça qui fait le lien. Pas le nombre de cours passés ensemble ou la réussite en concours.

Et puis aujourd'hui, on a pas mal de nouvelles technologies qui nous permettent de garder le lien, notamment les cours en visio qui se développent, qui fonctionnent très bien. Alors qui sait, peut-être que votre coach sera ouvert à cette nouvelle méthode d'enseignement. On arrive à la fin de cet épisode et vous avez désormais quelques clés pour clore une relation du mieux possible.

N'oubliez pas que vous faites généralement du mieux que vous pouvez et qu'une séparation, aussi douloureuse soit-elle, peut aussi bien se passer. Je vous dis à dans 15 jours pour un nouvel épisode de podcast et d'ici là, retrouvez-nous sur mon compte Insta @symbioseequine. À bientôt ! Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout.

À très vite !”

Solenn,

Psychologue & fondatrice de Symbiose Equine, la psychologie adaptée aux cavaliers